Dimanche 26 mars veille de la célébration de la Journée mondiale du théâtre 2023.
Ce soir au Centre Festhec-Okinawa, un spectacle magnifique profile à l’horizon. Celle des îles, « un spectacle à voir absolument », disait Alougbine Dine.
Selon le contenu du texte qui sera interprété, un peintre nantais est là dans son atelier à fixer sur une toile » le temps » en se dopant de café. Une femme originaire d’Haïti, celle des îles apparaît, belle, splendide, élégante avec une prestance comme on ne saurait l’imaginer. Elle viole avec une grande courtoisie et de belles paroles, la solitude du peintre. Le prétexte de la visite est bel et bien boiteux mais c’est le genre de femme qu’on voit pour la première fois et qui vous enflamme puis on jure la minute d’après d’entrer dans sa vie pour toujours. Le peintre, charmé l’invite donc à prendre un café malgré sa fausse insistance de s’en aller.
C’est alors l’entrée en scène figurante de celle des îles merveilleusement interprétée par la jeune comédienne en formation à l’Eitb, Ornella Fagnon face à Achille Sénifa lui aussi formé à l’Eitb. Il joue avec justesse et finesse ce rôle de peintre.
C’est parti. Sous nos yeux médusés, cette jeune femme prend possession des lieux, arpente la scène littéralement avec une aisance qu’on ne retrouve que chez les grandes comédiennes. Elle envahit la scène. Elle nous prend par la main et ne nous lâche pas une seconde. Elle électrise non seulement l’espace scénique mais aussi l’espace public. C’est décidément une manœuvre de séduction de grande envergure pour atteindre son objectif. Devant nous autres spectateurs de ce soir, elle mène le peintre du bout du nez et nous avec. En effet, ce sont des scènes pétries de sentiments très forts qui forcent l’admiration et du coup rendent le public complice malgré lui de l’amour qu’il voit naître et qui s’échafaude progressivement comme une tour sous ses yeux.
L’entrée fracassante et inattendue en scène du facteur, interprété avec fougue et rage par Germain Oussou, bouleverse le cours des choses dans la pièce de théâtre qui culbute, tourbillonne telle une pièce de monnaie, atterrit montrant la deuxième face celle du mal.
Le jeu des acteurs monte de cran avec la complicité du guitariste interprété par Miguel Migan, un personnage traité comme une ombre dans le spectacle par le metteur en scène Carlos Adékambi Zinsou qui semble se confirmer, de plus en plus par la pertinence de ses travaux. Subitement, le jeu de séduction de celle des îles passe de l’autre côté du miroir pas comme Alice au pays des merveilles mais dans un enfer cousu de tourments et de cauchemars. Patatra!
Lewis Carol de sa tombe aurait traduit Koulsy Lamko en justice si son âme avait fugué.
Oui ! parce que Koulsy fait revenir parmi les vivants celle des îles qui a assassiné le père du peintre et a fini brûlée vive.
Astucieuse, presq’une machine à jouer la proposition scénographique de Achille Sénifa.
Simple et belle l’éclairage opéré par Douriyath et Habdoul.
Émouvant et donnant du sens les esquisses de son balancées par Sahada.
« Chers amis Festhec-Okinawa la nouvelle saison démarre avec fougue Je vous suggère de venir ce soir voir, vivre, celle des îles.
Ne ratez pas ce beau travail de Carlos Adékambi Zinsou et son équipe sous aucun prétexte. C’est un spectacle éminemment poétique et théâtralement vigoureux ». Rendez-vous donc à 19H00.
TG
Comments are closed, but trackbacks and pingbacks are open.